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sur les facultés de l'âme[1], par où il commença la publication de ses recherches spéculatives, et sa Palingénésie philosophique[2], qui les termina, s'éloignent davantage de l'histoire naturelle proprement dite, et nous réunirons ici plus en abrégé les principales idées que ces ouvrages présentent.

L'auteur y examine l'être moral et intellectuel dans le développement de ses facultés. Il s'était rencontré avec l'abbé de Condillac dans l'idée de déterminer par le raisonnement ce qui arriverait à un homme adulte et sain, qui, comme une statue que l'on animerait par degrés, pourrait recevoir, une à une, toutes les sensations dans l'ordre où l'on voudrait les lui donner ; et il fait ainsi l'histoire de l'esprit, le conduisant, d'une manière ingénieuse, de l'acquisition des idées les plus simples, les plus matérielles, jusqu'à la création des idées les plus abstraites, de celles auxquelles leur simplicité d'un autre genre a fait refuser si longtemps toute origine par les sens. C'était encore suivie la voie de l'observation ; mais il s'emporte bientôt, suivant sa coutume, dans celle de l'hypothèse.

Le fait certain, que les images matérielles n'arrivent à l'âme que par les sens, et cet autre, que les sens n'agissent sur l'âme que par l'intermédiaire du cerveau, lui font supposer que le cerveau seul est le dépositaire de ces images, et les reproduit pour la réminiscence et par conséquent aussi pour la réflexion : d'où il conclut la nécessité d'un organe cor -

  1. Copenhague, 1760, in 4° ; 1769, in-8°.
  2. Genève, 1769 et 1770, 2 vol. in-8°.