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mais non pas un échelon qui y remplirait une place fixe.

Probablement Bonnet aurait évité cette illusion, s'il se fut appliqué davantage à l'étude détaillée des espèces ; mais il partagea avec d'autres hommes de mérite de son siècle leur injuste mépris pour cet art ingénieux de distinguer les êtres par des marques certaines, que l'on proscrivait alors sous le nom de nomenclature. Il ne songeait pas que c'est en histoire naturelle la base nécessaire de toute autre recherche, et il ne soupçonnait pas que c'est le chemin de cet autre art, bien plus profond, de déterminer la nature intime des êtres, en établissant entre eux des rapports rationnels et constants.

Aujourd'hui l'on a peine à concevoir que des vérités aussi claires aient pu être méconnues ; mais il faut réfléchir que les principes en étaient alors présentés d'une manière tronquée, dans un style bizarre, qui ne pouvait plaire à des hommes nourris dans les lettres, et habitués dans leurs écrits à plaire à l'imagination pour pénétrer jusqu'à la raison de leurs lecteurs.

Bonnet appartenait complètement à cet ordre d'écrivains, est sa Contemplation de la nature, en particulier, est aussi remarquable par l'agrément du style que par le nombre des faits qui y sont rassemblés et présentés sous les rapports les plus intéressants ; c'est un des livres que l'on peut mettre avec le plus d'avantage dans les mais des jeunes gens pour leur inspirer à la fois le goût de l'étude et le respect pour la Providence.

Son Essai de psychologie[1], et son Essai analytique

  1. Londres, 1754, in-12.