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l'une de l'autre: lorsque l'on faisait trois tronçons, celui du milieu reproduisait ordinairement une tète en avant et une queue en arrière. Mais il y avait amsi quelquefois une sorte d'erreur de la nature: le tron. çon du milieu produisait deux queues, et, ne pouvant se nourrir, était condamné à une prompte destruction (1).

Il semblait qu'il fût de la destinée de Bonnet que les idées ou les essais incomplets des autres lui fissent faire de grandes découvertes et de beaux ouvrages; ft, el} effet, c'est moins en concevant des idées ingénieuses qu'en poursuivant sans relâche leur développement, que les grands génies ont marqué leur place. Le germe du calcul différentiel est dans Barrow, celui des forces centrales dans Huyghens; et Newton n'en reste pas moins l'honne\lr de l'esprit humain.

Quelques expériences pour faire végéter des arbustes sans terreau, une conjecture de Calandrini sur l'objet de la différence entre les deux surfaces das feuilles des arbres, firent entreprendre à Bonnet son· Traité de l'usagê des feuilles (2), l'un des livres les plus importants de physique végétale que le dix-huitième siècle· ait produits.

Non-seulement il retrouva a~ plus haut degré dans les v~gétaux cette force de reproduction, par laquelle de eohaque partie séparée d'un corps. organisé peut à chaque instant renaitre le tout; il t1t principalement remarquer cette action mutuelle du végétal et


(1) Traité d'insectologie J 2 vol. in-so. Paris, 17~5.

(2) Gottinglle et Leyde, 1764, in-4o.