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moins à l'étude de toutes ces formes, de toutes ces petites décisions particulières dont tant de codes sont remplis.

Ce goût pour des idées agréables, pour des recherches aisées, quoique ingénieuse, était déjà une disposition favorable pour l'histoire naturelle particulière ; un hasard le jeta tout à fait dans cette vocation. Il lut un jour, dans le Spectacle de la nature l'histoire de l'industrie singulière de l'espèce d'insecte appelée formica-leo. Vivement frappé de faits aussi curieux que nouveux pour lui, il ne repose plus qu'il n'ait trouvé un formica-leo : en le cherchant il trouve bien d'autres insectes qui ne l'attachent pas moins. Il parle à tout le monde du nouvel univers qui se dévoile à lui. On lui apprend l'existence de l'ouvrage de Réaumur ; il l'obtint à force d'importune le bibliothécaire public, qui ne voulait pas d'abord le confier à un si jeune homme : il le dévore en quelques jours ; il court partout pour chercher les êtres dont Réaumur lui enseignait l'histoire. Il en découvre encore une foule dont Réaumur n'avait point parlé ; et le voilà à seize ans devenu naturaliste. Il le serait probablement resté pour la vie sans les infirmités qui le contraignirent de donner une autre direction à son esprit.

Il entra en quelque sorte à pas de géant dans la carrière de l'observation : à dix-huit ans il communiquait déjà à Réaumur plusieurs faits intéressants, et à vingt il lui révéla sa belle découverte de la fécondité des pucerons sans accouplement préalable. Neuf générations de vierge en vierge étaient alors une merveille inouïe