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pouvoir trouver personne plus capable de remplir ses intentions dans toute leur étendue que MM. Ventenat et Redouté, et l'Europe entière rend aujourd'hui témoignage du succès avec lequel le savant et l'artiste ont répondu aux vues de leur protectrice. Il n'existe certainement aucun ouvrage du même genre dont les dessins soient plus corrects, les gravures plus soignées et les couleurs plus vives et plus vraies[1].

Il ne s'agissait pas seulement d'y mettre du talent et de la capacité, il fallait encore essuyer des fatigues et des peines physiques. Quand une plante rare fleurissait, il fallait courir à la Malmaison, quelque temps qu'il fit ; il fallait y rester jusqu'à ce que le peintre eût bien saisi tous les détails de sa structure ; il fallait ensuite surveiller l'exécution et l'impression des gravures, ce qui prenait un temps infini par-delà celui du travail d'auteur. On peut dire que M. Ventenat a été le martyr de son zèle ; et quoique sa santé n'eût jamais été forte depuis son naufrage, elle n'aurait probablement pas empiré si vite s'il n'était revenu deux fois de ses courses avec des fluxions de poitrine, et si quelques tracasseries subalternes, presque inévitables quand on approche de la cour, de si loin que ce soit, n'eussent ajouté à ses maux physiques les maux plus incurables encore que produit le chagrin quand il n'est pas suffisamment contrebalancé par la philosophie.

Malheureusement M. Ventenat était d'un caractère irritable. L'activité extrême qu'il mettait à remplir ses

  1. Jardin de la Malmaison ; Paris, 1803, 2 vol. in-fol.