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yeux : mais ils sont été plus loin pour M. Ventenat qu'ils n'étaient jamais allés pour l'Héritier, et c'est tout au plus si l'on reconnaît dans les ouvrages de celui-ci le germe du talent que les Redouté, les Scellier, les Plée, etc., ont déployé en faveur de son successeur.

Il faut dire toutefois que le goût des livres magnifiques, devenu si général de notre temps, a puissamment secondé M. Ventenat dans ses entreprises ; et quelques personnes se demanderont sans doute si ce goût, lorsqu'il passe de certaines limites, est aussi favorable à la science qu'aux arts qui lui servent d'auxiliaire. Comme il est impossible d'arriver à une imitation complète, peut-être devrait-on s'en tenir à ce qui est rigoureusement nécessaire pour faire reconnaître les objets et éviter aux acheteurs la dépense d'une perfection superflue, n'est à craindre qu'il y ait moins de botanistes, maintenant qu'une bibliothèque de botaniques coûte autant que plusieurs métairies ; l'on ne voit point jusqu'à présent qu'en faisant de la possession des livres un monopole des riches, et en leur inspirant la vanité de les montrer, on leur ait inspiré aussi le désir de s'en servir.

Mais ces réflexions, toutes justes qu'elles puissent être, ne doivent point faire blâmer M. Ventenat.

Il ne suivi le goût de son siècle. Puisqu'on n'achète point les livres bon marché, il en fait de chers ; c'est le miel qu'il a mis sur les bords du vase : le grand papier, les images, les dorures d'un livre n'empêchent pas, à la rigueur, son texte d'être vrai, et le sage ne doit mépriser aucun moyen de répandre des vérités