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déshabille, se jette à la mer, et comme il était vigoureux et bon nageur, il a bientôt atteint le canot. Cette frêle embarcation était aussi remplie qu'elle pût l'être sans submerger ; un passager de plus, et tous périssaient ; il fallut livrer un combat à mort ; la barque chavira, et Ventenat seul échappa encore à ce nouveau danger. Il aurait cependant bientôt été exténué de lassitude, si les habitants de Calais, qui avaient été témoins du naufrage, n'eussent essayé de porter des secours aux naufragés. Ils jetèrent à la mer quelques tonneaux attachés à de longues cordes, et Ventenat, ayant eu le bonheur d'en saisir un, fut amené sur le rivage, nu et couvert de contusions. Le peu de forces que la présence du danger lui avait conservées l'abandonnèrent, et on le transporta sans connaissance dans une maison où l'on ne put savoir qu'au bout de quelques jours qui il était et à qui l'on devait donner de ses nouvelles. Une maladie grave fut la suite de cet accident, et jamais il ne retrouva complètement la force et la santé qu'il avait eues jusque-là.

Cependant son zèle pour la botanique ne se ralentit point ; les jardins et les herbiers qu'il avait visités en Angleterre, les botanistes avec lesquels il s'y était lié, en augmentant ses connaissances, ne firent qu'augmenter son ardeur. À son retour, il s'attacha principalement à feu l'Héritier, et fut souvent employé par lui à décrire des plantes qui fleurissaient dans des jardins éloignés, et dont l'Héritier ne pouvait pas suivre par lui-même tout le développement. Mais M. Ventenat ne s'en tint point à la manière étroite de ce