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hommes studieux et méditatifs, et ces faibles foyers furent les seuls d'où purent jaillir quelques lueurs au milieu des ténèbres universelles qui semblaient couvrir le monde pour toujours.

Albert le grand, dont l'esprit vaste était digne d'un meilleur temps ; Roger Bacon, qui avait inventé une partie de la physique expérimentale, quatre siècles avant que le grand philosophe du même nom en eût tracé les lois ; Bazile Valentin, l'un des créateurs de la chimie, à peu près inconnue dans l'antiquité, étaient tous des moines ; et l'on conçoit à quel point la paix profonde du cloître et l'absence des sollicitudes et des ambitions du monde eussent pu être favorables à ceux qui auraient voulu marcher sur leurs traces, et avec quelle facilité les religieux auraient pu rendre dans ces derniers temps aux sciences, s'ils eussent voulu s'y livrer, les mêmes services que quelques-uns d'entre eux ont rendus à l'histoire et à la diplomatie.

Ces idées agitaient l'esprit de M. Ventenat ; elles s'y gravaient d'autant plus profondément, qu'il avait sous les yeux des exemples frappants de leur application. Le savant astronome Pingré, que nous avons possédé quelque temps à l'Institut ; M. Mongez, l'antiquaire, que nous y possédons encore ; son frère, savant physicien ct minéralogiste, l'un des malheureux compagnons de Lapeyrouse, cultivaient les sciences avec éclat, et faisaient la gloire de la maison de Sainte-Geneviève.

M. Ventenat ayant donc résolu d'imiter ces exemples respectables, et renonçant aux avantages qu'aurait