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l'ambassadeur extraordinaire que les États-Unis envoyaient à l'empereur de Maroc.

Que d'amères réflexions dut faire, sur la nature humaine et sur les ressorts qui agitent les nations, l'homme qui, pour avoir cru un moment que le peuple le plus civilisé de l'Europe pourrait se donner lui-même un gouvernement raisonnable, se voyant réduit à chercher à Maroc un peu de sûreté personnelle !

C'est véritablement là qu'il retrouva le bonheur, en retrouvant le repos et en reprenant ses premières études ; et, comme s'il avait dû y voir quelque l'apport entre sa position et celle de sa patrie, c'est aussi là qu'il apprit le changement arrivé dans les esprits, et les efforts de la France pour revenir à un ordre de choses plus régulier.

Mais les derniers crimes dont il avait été le témoin avaient fait sur son imagination une impression trop terrible pour qu'il se fiât aux premières apparences de calme. Quand il eut obtenu du directoire sa radiation de la liste des émigrés, il employa tout le crédit de ses amis pour être renvoyé à Maroc comme consul : la peste l'en ayant chassé, il fut nommé au consulat des Canaries ; semblant ne pouvoir s'éloigner assez, il avait fini par demander celui du Cap, Il a fallu qu'un ministre parent de M. Broussonnet[1], et qui a toujours porté un intérêt tendre à l'école leur mère commune, usât d'une sorte de violence pour le déterminer à y accepter une place.

  1. M. Chaptal.