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raisonnements tranquilles propres à persuader le philosophe solitaire, aux arguments violents, seuls capables d'émouvoir ces réunions nombreuses, où le caractère peut tout, et les lumières presque rien ; où l'on adopte en masse, dans l'enthousiasme, ce que chacun condamne en particulier dans les moments de réflexion ; où, quand on ouvre une délibération, nul ne peut prévoir à quelle issue conduiront les sophismes accumulés, la chaleur plus ou moins heureuse de ceux qui se succèdent à la tribune, et les agitations tumultueuses de l'esprit de parti.

M. Broussonnet essaya en vain de ramener les esprits, et de proposer des vues de conciliation : ses formes douces, ses manières insinuantes étaient des armes trop faibles ; contre le délire universel, que dix années de désordres intolérables et l'ascendant irrésistible d'un caractère unique dans l'histoire pouvaient seuls parvenir à calmer.

Après que les événements dont chacun de nous ne conserve qu'un trop effrayant souvenir, eurent mis fin à l'assemblée législative, il se retira à sa campagne auprès de Montpellier, espérant y goûter enfin, dans la culture des champs, ce repos qui l'avait fui depuis qu'il avait cédé aux attraits de l'ambition.

Mais le moment était venu où il ne devait plus y avoir de repos pour quiconque aurait touché aux affaires publiques, pour quiconque aurait jeté le moindre éclat, soit par son existence dans le monde, soit par ses talents. La révolution du 31 mai donne la prépondérance à la plus violente des deux factions qui se disputaient le pou -