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les premières places qu'il eut, durent ici faire promptement regretter les sciences et les occupations paisibles du cabinet.

Nommé, en 1789, au corps électoral de Paris, il fut appelé, comme les autres électeurs, à cette espèce de magistrature intermédiaire qui suppléa un instant les autorités suspendues ; et le jour qu'il vint à l'hôtel de ville, ce fut pour y voir égorger sous ses yeux l'intendant de Paris, son ami et son protecteur.

Chargé ensuite, avec Vauvilliers, de l'approvisionnement de la capitale, il se vit vingt fois menacé de perdre la vie par ce peuple à qui ses sollicitudes la conservaient, et qui ne se laissait conduire que par ceux-là même dont l'intérêt était de l'affamer.

Découragé par le spectacle de tant de folie et d'ingratitude, le chagrin amer qui s'était emparé de lui s'exhala dans ses derniers discours à la société d'agriculture, et l'on aurait pu croire dès lorsqu'il ne serait plus tenté d'essayer ce que ses lumières et son zèle seraient capables de faire pour le bien public.

Il vint cependant siéger dans cette assemblée fameuse, dont l'existence de quelques mois laissera dans nos fastes des traces si profondes ; qui reçut presque à genoux, dans le premier moment de sa réunion, cette constitution dont elle déchira ensuite chaque jour quelques pages ; qui laissa écrouler sur elle ce trône qu'elle avait juré de maintenir ; et qui, en s'éloignant, multiplia, comme à plaisir, les chances de l'anarchie pour la nation dont elle avait consenti à prendre les rênes.

C'est là qu'il dut s'apercevoir combien il y a loin des