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mot, elle prit son rang auprès des grandes sociétés savantes de la capitale.

On ne peut s'empêcher de reconnaître que M. Broussonnet montra dans les nouvelles fonctions une grande flexibilité de talent. Quittant par degrés cette sécheresse de style, caractère de l'école qu'il avait suivie en histoire naturelle, il ne tarda point à se donner une élégance soutenue ; il s'éleva quelquefois à toute la chaleur de l'éloquence. Le premier de ses éloges, celui de Buffon, est peut-être encore faible pour un si grand nom, mais, dans ceux qui le suivirent, tantôt il nous fait aimer les vertus paisibles de Blaveau, tantôt il nous fait admirer le dévouement au bien public ; la franche probité de Turgot. Plusieurs fois, dans les temps où tous les vœux semblaient appeler une révolution populaire, il se fit applaudir en réclamant avec énergie en faveur des campagnes.

On sait assez quelle influence l'activité d'un seul homme peut avoir sur celle de tout un corps, et combien ces occasions de déployer un talent brillant et d'acquérir la faveur publique peuvent tenter un homme jeune et plein d'ardeur, comme l'était alors M. Broussonnet ; mais, ce qu'on sait peut-être moins, c'était à quel point ce dévouement continuel à la gloire des autres ; premier devoir des organes d'une société savante, peut nuire au développement des travaux personnels.

M. Broussonnet dut l'éprouver plus que personne, dans un genre sans doute plus immédiatement utile