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détails, comme un seul et vaste tableau. Mais jusqu'à présent nous ne faisons qu'entrevoir quelques portions de ce tableau sublime, et le point d'où nous pour nous l'embrasser tout entier, n'est encore pour nous qu'une espèce de but idéal que nous n'atteindrons peut-être jamais tout à fait, quoiqu'il soit de notre devoir d'y tendre constamment, et qu'à force de travail nous puissions tous les jours en approcher davantage.

La route la plus directe serait de déterminer les fonctions et l'influence de chaque organe, pour calculer l'effet de ses modifications ; formant alors les grandes divisions d'après les organes les plus importants, et descendant ainsi aux divisions inférieures, on aurait un cadre qui, pour être fait d'avance et presque indépendamment de l'observation des espèces, n'en serait pas moins l'expression réelle de l'ordre de la nature. C'est ce principe qu'on nomme la subordination des caractères. Il est parfaitement rationnel et philosophique : mais son application supposerait, touchant la nature, les fonctions et l'influence des organes, des connaissances dont on était trop éloigné, à l'époque où M. Adanson commença ses travaux, pour qu'il pût songer à l'employer ; peut-être même n'en eut-il jamais l'idée.

Il eut donc recours à une méthode inverse, que l'on peut appeler empirique ou d'expérience, celle de la comparaison effective des espèces ; et il imagina pour l'appliquer un moyen qui lui est propre et qu'on ne peut s'empêcher de regarder comme infiniment ingénieux.

Considérant chaque organe isolément, il forma de