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Il fallait détruire les grands établissements d'agriculture, parce qu'ils avaient appartenu à des riches ; il fallait calmer la disette avec les animaux des plus belles races ; il fallait couper les futaies et les avenues pour planter des pommes de terre ; on desséchait les étangs pour les ensemencer, et l'on frappait de stérilité un canton tout entier, en lui enlevant la source de ses arrosements ; on punissait de mort ceux qui semaient des prairies artificielles : qu'on juge de la position qu'un conseil d'agriculture à une telle époque !

Il est vrai que M. Cels était plus propre qu'un autre à résister aux chefs de ce temps-là ; il avait pour le bien la même sorte d'énergie agreste qu'eux pour le mal, et il savait au besoin leur parler leur langage et les combattre avec leurs armes.

Mais bientôt l'astuce et l'avidité remplacèrent la fureur ; on ne voulut plus détruire les richesses des autres, mais les prendre pour soi. Contre de nouveaux ennemis il aurait fallu des armes nouvelles : mais si M. Cels n'eut pas toujours autant de succès, il n'eut jamais moins de courage ; s'il ne put empêcher tout le monde de se faire une part du bien de l'État, il voulut du moins que chacun eût aussi la part de réputation qui devait lui revenir ; et ce que dans les deux époques ; et malgré tous ces obstacles, il a effectivement contribué à sauver, en propriétés publiques et particulières, en jardins, en troupeaux, en pépinières, est incalculable.

Beaucoup de fugitifs lui doivent, sans peut-être le savoir, ce qu'ils ont retrouvé de leurs fortunes et nul