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gens de la campagne les meilleures pratiques agricoles, il ne mit point son nom à la plupart de ces écrits, quoiqu'ils eussent pu lui faire honneur par leur netteté et la saine doctrine qu'ils renfermaient.

Il faisait mieux encore que d'être indifférent à sa gloire, il servait ardemment celle des autres ; il ne refusait jamais à ses amis les observations qui pouvaient avoir place dans leurs ouvrages ; il permettait de faire dans son jardin et sur ses plantes toutes les expériences qui pouvaient éclairer la science, il en suggérait lui-même : pourvu qu'elles se fissent, il ne lui importait point que son nom y fût attaché. À peine l'a-t-il laissé mettre aux éditions, auxquelles il a contribué, de divers ouvrages d'agriculture, comme Olivier de Serres, le Nouveau la Quintinie, et quelques autres.

Au reste, si dans ses travaux il s'occupait peu de sa gloire, dans ses fonctions il s'occupait encore moins de motifs plus puissants sur beaucoup de gens. L'intérêt, le crédit, le danger même ne purent jamais rien sur lui. Toujours il conserva son caractère d'homme des champs étranger aux ménagements de la société ; toujours il fut inflexible sur ce qu'il crut juste ou vrai ; et l'on sait assez que depuis qu'il fut appelé près de l'administration, aucun genre de faiblesse n'a manqué d'épreuve.

D'abord la populace faisait la loi ; elle faisait plus, elle gouvernait, et gouvernait en détail dans chaque lieu : la démocratie était devenue un despotisme mille fois multiplié, et l'apologue du sauvage qui abat l'arbre pour en cueillir le fruit trouvait une application dans tous nos villages.