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M. Cels, en particulier, fut pour longtemps privé de tout autre moyen, par un malheur qui dérangea entièrement la petite fortune que son économie commencé à lui faire.

Lors du pillage des barrières, en 1789, une somme considérable avait été enlevée de sa caisse. Les fermiers généraux, pour qui sa probité était notoire depuis vingt ans, n'avaient pas eu la pensée de le rendre responsable du crime d'autrui ; mais lorsque les propriétés de la ferme finirent été saisies par la Convention, des juges qui n'avaient pas les mêmes données n'osèrent décider par la seule équité une cause devenue celle du trésor public, et les hommes qui faisaient alors la loi ne voulurent pas être justes.

Cette perte causa dans ses travaux des retards incalculables. Obligé de se défaire de sa belle bibliothèque, réduit à cultiver sur le terrain d'autrui et successivement en différents lieux, après vingt années de soin il ne se trouvait pas plus avancé que des cultivateurs nouveaux.

Il déplorait ces contrariétés, mais ne s'en laissait point abattre. Après chaque événement fâcheux, son industrie avait bientôt reproduit tout ce qui pouvait se passer du temps.

Il faut dire qu'il fut constamment secondé par les amis de la science et par les voyageurs. Ceux-ci confiaient de préférence leurs graines et leurs plants à l'homme qui savait le mieux les faire fructifier. L'éducation des végétaux, comme celle des hommes, exige une sorte de dévouement et de sollicitude qu'une véritable passion