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Mais bientôt la révolution, supprimant les impôts indirects et le privant de sa charge, le livra tout entier à son goût favori, qui devint à la fois son unique occupation et sa principale ressource.

Retiré au village de Montrouge, près Paris, il s'y fit entièrement cultivateur et commerçant de plantes ; résolution prise avec courage et exécutée avec persévérance : redoublant d'activité dans la correspondance comme dans le travail manuel, il se procura des végétaux de tous les pays du monde, parvint à en multiplier un grand nombre, et les distribua aux amateurs avec une abondance dont on n'avait pas eu d'idée jusqu'alors.

On imagine bien cependant que ce jardinier d'une espèce nouvelle ne cessa point d'aimer les sciences. Les étudiants étaient toujours mieux reçus que les acheteurs, et cela sans qu'ils eussent besoin de la moindre recommandation : tout botaniste pouvait décrire et faire dessiner dans son jardin ce qui lui paraissait intéressant.

Lui-même se proposait de publier un jour la nombreuse collection des faits qu'il avait observés ; mais, se fiant trop à une excellente mémoire, il n'avait rien écrit ; et sa mort prématurée nous prive de tout ce qu'il n'avait point fait connaître à ses amis.

Heureusement il était fort libéral de ces sortes de communications. Les beaux et nombreux ouvrages de botanique descriptive qui ont paru en France depuis vingt ans lui doivent tous quelques-uns de leurs plus importants matériaux.