Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/219

Cette page n’a pas encore été corrigée

remarqué, et qui vient remplir dans la série de nos inductions une lacune dont eux-mêmes ne se doutaient pas. Plus d'un système séduisant, plus d'une hypothèse ingénieuse ont été renversés, à leur première apparition, par quelque observation isolée qu'ils avaient faite, et que les physiciens spéculatifs n'auraient pas eu d'abord li produire.

Or, les rencontres de la conversation font seules jaillir à l'improviste ces sortes de lumières, et ce serait en vain qu'on les attendrait d'ouvrages préparés dans l'isolement. Cette partie de notre organisation multiplie donc prodigieusement les chances pour ces heureuses combinaisons d'idées d'où naissent toutes les grandes découvertes, et nul ne peut prévoir où s'arrêteront les effets de ces travaux communs, de ces excitations mutuelles.

Le moindre de nos théorèmes, promptement saisi par les arts, la moindre observation des artistes, promptement constatée, généralisée et répandue par les savants, peuvent changer l'état du monde.

C'est ainsi que quelques caractères mobiles ont affranchi la pensée de l'empire du pouvoir ; que le mélange d'un peu de salpêtre et de soufre a soustrait le courage à la supériorité de forces physiques ; que la suspension fortuite d'un minéral méprisé a fait disparaître devant l'homme la barrière des mers, et réuni toutes les nations en une seule république commerçante.

Et nos derniers temps ne sont pas moins fertiles en miracles. Un acide nouveau est découvert ; peu d'an -