Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/190

Cette page n’a pas encore été corrigée

cile encore à obtenir, parce qu'il est plus rare, l'une de ces huit places d'associés étrangers, auxquelles tous les savants de l'Europe concourent, et dont la liste, commençant par les noms de Newton, de Leibnitz et de Pierre le Grand, n'a dégénéré dans aucun temps de ce premier éclat.

Priestley, comblé de gloire, s'étonnait modestement de son bonheur et de cette multitude de beaux faits que la nature semblait n'avoir voulu révéler qu'à lui seul. Il oubliait que ses faveurs n'étaient pas gratuites, et que, si elle s'était si bien expliquée, c'est qu'il avait su l'y contraindre par une persévérance infatigable à l'interroger et par mille moyens ingénieux de lui arracher des réponses.

Les autres cachent soigneusement ce qu'ils doivent au hasard ; Priestley semble vouloir lui tout accorder : il remarque, avec une candeur unique, combien de fois il en fut servi sans s'en apercevoir, combien de fois il posséda des substances nouvelles sans les distinguer ; et jamais il ne dissimule les vues erronées qui le dirigèrent quelquefois, et dont il ne fut désabusé que par l'expérience.

Ces aveux firent honneur à sa modestie sans désarmer la jalousie. Ceux à qui leurs vues et leurs méthodes n'avaient jamais rien fait découvrir, l'appelaient un simple faiseur d'expériences, sans méthode et sans vues : il n'est pas étonnant, ajoutaient-ils, que, dans tant d'essais et de combinaisons, il s'en trouve quelques-uns d'heureux.

Mais les véritables physiciens ne furent point dupes