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lumière inconnue. De nouveaux rayons, plus vifs encore, partirent bientôt du même foyer.

Ayant appliqué la chaleur d'un verre ardent à des chaux de mercure, Priestley eut le bonheur d’obtenir pure et isolée cette portion respirable de l’air atmosphérique que les animaux consomment, que les végétaux restituent, que les combustions altèrent : il la nomma l’air déphlogistiqué.

Les autres airs différents de l’air commun éteignaient les lumières : celui-ci les faisait brûler avec une flamme éclatante, avec une rapidité prodigieuse. Les autres faisaient périr les animaux : ils vivaient dans celui-ci plus longtemps même que dans l’air commun, sans avoir besoin qu’on le renouvelât ; leurs facultés semblaient y acquérir plus d'énergie. L’on crut un instant posséder un moyen nouveau d'exciter et peut-être de prolonger la vie, ou du moins un remède assuré contre la plupart des maladies du poumon.

Cet espoir a été trompeur ; mais l’air déphlogistiqué n'en est pas moins resté l’une des plus brillantes découvertes du dix-huitième siècle : c’est lui que, sous le nom d’oxygène, la chimie moderne regarde comme l’agent le plus universel de la nature. Par lui s’opèrent toutes les combustions, toutes les calcinations ; il entre dans la composition de la plupart des acides ; il est un des éléments de l’eau, et le grand réservoir du feu ; c’est à lui que nous devons presque toute la chaleur artificielle que nous nous procurons dans la vie commune et dans les arts ; c’est lui qui, dans la respiration, donne à nos corps, ainsi qu’à ceux des animaux, leur chaleur natu -