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communes, et surtout pour leurs recherches sur les arts : les principales eurent la porcelaine pour objet.

Cette poterie précieuse, usitée à la Chine et au Japon depuis un temps immémorial, nous était apportée de là par les Portugais depuis plus de deux siècles, lorsque le hasard enseigna à un chimiste allemand les moyens de l'imiter. C'était un garçon apothicaire de Berlin, nommé Bœtticher, qui, s'étant livré a quelques pratiques secrètes, eut le malheur de passer parmi le peuple pour posséder la pierre philosophale, et fut obligé de s'enfuir en Saxe. Il n'y fut pas plus tranquille que dans sa patrie. L'électeur, ajoutant foi à ce bruit ridicule, et imaginant d'en tirer parti, fit enfermer ce malheureux avec menace de le faire pendre s'il ne lui faisait de l'or. On imagine bien qu'un tel ordre ne lui en fit pas faire ; mais, dans son embarras, il essaya tant de combinaisons différentes, qu'enfin il découvrit ce mélange de terres dont la Saxe a sûrement tiré plus de profit que jamais elle n'eut pu faire du grand œuvre. Elle y attachait un tel prix, qu'il était défendu, sous peine de mort, d'exporter même des échantillons de la terre qu'on y employait. Aussi les efforts des autres nations pour l'imiter furent-ils longtemps infructueux ; et le grand Réaumur lui-même, après avoir fait venir de la Chine les deux principaux matériaux de la porcelaine, et, reconnu le vrai principe de sa fabrication, ne parvint cependant qu'à faire une espèce de verre opaque et blanc, à la vérité, mais qui ne perdait rien de sa fragilité. Les fabricants ordinaires, et la manufacture de Sèvres elle-même, ne produisaient qu'une fritte compo-