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trop évidents, et c'est en s'occupant des matières délicates de la morale et du goût qu'on acquiert cette finesse de tact qui conduit seule aux hautes découvertes. Comment, d'ailleurs, un homme capable de trouver des vérités nouvelles dédaignerait-il l'art de les imprimer dans l'esprit des autres par cette justesse d'expression, par cette vivacité d'images, charme des cœurs sensibles, et mérite éternel des ouvrages classiques ?

Tout en s'occupant de son élève, Darcet continuait à étudier la médecine, et de toutes ses branches c'était la chimie qui le charmait le plus, parce que c'était celle qui lui paraissait la plus féconde en vues nouvelles et utiles. Son application le rendit bientôt l'élève chéri de Rouelle, qui lui-même s'était, à force de travail, élevé de la condition d'un pauvre paysan au rang des professeurs célèbres.

Rouelle était un de ces hommes qui, par une grande vivacité d'élocution, par des idées hardies, une méthode vaste et simple à la fois, savent communiquer, même aux gens du monde, l'enthousiasme dont ils sont remplis pour leur art.

Un jeune seigneur, passionné pour toutes les sortes de renommées, le comte de Lauraguais, faisait les frais de ses cours, et fréquentait souvent son laboratoire. Il y fut bientôt frappé du zèle et de l'intelligence de Darcet, et de son ami Roux, qui était venu le trouver à Paris. Celui-ci, nous dit M. de Lauraguais dans des notes qu'il a bien voulu nous remettre, et dont nous avons tiré plusieurs faits intéressants, avait cet esprit