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fort correctif du bien qu'on dirait d'eux ; mais si jamais on put les énoncer sans en craindre l'application, c'est en parlant de l'homme qui fait le sujet de ce discours. Jamais aucun n'eut moins besoin des artifices d'un orateur, et ne put être montré plus aisément sous toutes ses faces : tout en lui fut bon, de ce bon simple et sans apprêts, qui paraît tel à tout le monde ; et les talents, la candeur et la probité s'alliaient si heureusement dans son caractère, qu'on ne pouvait le connaître sans le respecter et sans le chérir.

Jean Darcet, membre du Sénat et de l'Institut, professeur de chimie au Collège de France, etc., naquit à Donazit, près Saint-Séver, département des Landes, le 7 septembre 1725.

Une partie de sa jeunesse se passa dans l'adversité. Son père, qui occupait une place dans une juridiction seigneuriale, voulait qu'il se préparât à lui succéder : un goût naissant pour la physique lui faisait préférer l'étude de la médecine à celle de la jurisprudence. Une marâtre aigrissant l'humeur qu'occasionnaient ces différends, le jeune Darcet se vit forcé de quitter la maison paternelle, et se rendit à Bordeaux pour s'y livrer à son penchant favori.

C'est par un tel combat sur le choix d'un état que commence l'histoire de presque tous nos confrères. Rarement les parents consentent-ils à ce que leurs enfants courent la périlleuse carrière des travaux de l'esprit : et certes on ne peut blâmer leur prudence ; car le dernier des états est sans doute celui de l'homme de lettres