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plus avantageux que l'autre, ce serait encourir l'imputation de philosophie, aujourd'hui si odieuse à certaines gens ; mais on conviendra du moins que, dans l'état où se trouvaient alors nos propres colonies, il n'y avait pas de comparaison.

Cependant ceux qui furent successivement portés à la tête des affaires, depuis le traité de Bâle, eurent trop à s'occuper de leur propre existence pour pouvoir penser à des améliorations lentes ; et quoique le terme de l’exploration fût fixé à cinq ans, il s'en était déjà passé trois, sans qu'on eût songé aux moyens de l'effectuer.

Gilbert saisit un moment de calme pour-lire sur cet objet, dans une de nos assemblées, un mémoire pressant, qui fut imprimé par ordre de la classe, et adressé par elle au gouvernement[1]. Un ministre, membre de l'Institut, qui n'a jamais manqué une occasion de servir l'agriculture[2], fit ordonner l'exécution de cette mesure, et Gilbert eut la satisfaction d'être lui-même chargé de cette mission délicate.

Que l'on juge de sa joie à cette nouvelle. L'Espagne bénit encore la mémoire de don Pèdre IV de Castille, et l'Angleterre celle d'Édouard IV, parce que ces princes donnèrent a leur pays les beaux troupeaux qui en font la principale richesse. Gilbert avait toujours offert ces exemples à l'administration. L'instant était enfin venu où ses conseils allaient être suivis, où la

  1. Instruction sur les moyens les plus propres à assurer la propagation des bêtes à laine de race d'Espagne, et à la conservation de cette race dans toute sa pureté ; in-8°.
  2. M. François de Neufchâteau.