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et prévoyant se chargera lui-même de défendre la portion d'établissements de ce genre qui nous reste encore, et que l'appât d'un peu d'or présent n'empêchera plus de voir les bienfaits que promet l'avenir[1].

Dès l'époque désastreuse de 1793, Gilbert avait, de concert avec les mêmes collègues, employé le plus grand courage à préserver de la destruction un superbe troupeau de moutons espagnols, que notre confrère Chanorier, obligé de fuir, avait laissé à sa terre de Croissy. Lorsque tant de malheureux ne retrouvaient que de tristes débris des plus belles fortunes, cet excellent citoyen fut bien étonné de revoir sa plus précieuse propriété dans un meilleur état qu'il ne l'avait quittée. On ne sait que trop qu'alors il n'y avait pas partout de tels dépositaires.

Mais tous ces services rendus à sa patrie n‘étaient rien aux yeux de Gilbert, auprès de ceux qu'il espérait lui rendre dans la dernière mission qu'il reçut.

Après une guerre courte et glorieuse pour nos armes, l'Espagne avait fait sa paix avec la France. Un des articles du traité nous cédait la moitié espagnole de Saint-Domingue, c'est-à-dire qu'il nous permettait de la conquérir ; un autre, resté d’abord secret, nous accordait la faculté d'acheter en Espagne quelques milliers de ces moutons dont la superbe laine alimente encore aujourd'hui presque toutes nos manufactures de draps.

Prétendre sans restriction que ce dernier article était

  1. Ce vœu a été inutile. La fermette la Ménagerie, où l'on avait transporté l'École d'agriculture, fut aliénée peu de temps après, comme on le prévoyait au moment ou cet éloge fut prononcé.