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taux choisis ne forçaient pas l'atmosphère à rendre au sol ce que celui-ci perd par l'exportation de ce qu'il a fait naître. C'est comme dans la circulation politique, où la masse du numéraire ne contribue pas autant à l'aisance générale que la rapidité de son mouvement.

Mais, pour que l'agriculteur se détermine à toutes les peines et à toutes les avances qu'un tel travail exige, il faut qu'il soit assuré que ses produits seront consommés précisément dans la même mesure qu'il les obtiendra.

La juste proportion entre les terres à blé et les terres à fourrages, le choix des espèces les plus productives et les plus appropriées à chaque terrain, la perfection de tous les procédés de leur culture, ne suffisent donc pas : il faut souvent que les habitudes des peuples, leur façon de se vêtir, de se nourrir, soient encore modifiées, pour arriver à la solution la plus parfaite de ce grand problème ; et cependant c'est du résultat de tant de rapports compliqués que dépend la prospérité des empires. L'homme, ce roi des autres espèces, ne subsiste qu'à leurs dépens, et c'est leur multiplication qui fait la base de la sienne. N'ayez point assez de bestiaux, et bientôt vos champs effrités ne présenteront plus qu'un sol aride et épuisé ; ayez-en trop, et à la moindre interruption du commerce le peuple viendra vous demander en tumulte ce pain que l'étranger ne lui apportera plus.

Or, ces nombreuses difficultés, la question des prairies artificielles les embrasse toutes : c'est le pivot de l'agriculture, la clef du système de cet art ; il n'en est