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qu'a ces vallées plantureuses de nos climats tempérés, ou d'épaisses forêts, de gras pâturages, de nombreux troupeaux, des guérets surchargés de récoltes, attestent l'influence bienfaisante d'un travail opiniâtre et sagement dirigé.

Car l'agriculture n'est que l'art de faire en sorte qu'il y ait toujours, dans un espace donné, la plus grande quantité possible d'éléments combinés à la fois en substances vivantes.

Quelque bizarre que cette définition puisse paraître a ceux qui n'y ont pas réfléchi, c'est la seule qui exprime dans toute sa généralité le véritable problème que l'agriculture se propose. Cette combinaison est le but commun auquel tendent tous ceux qui s'occupent de cet art, depuis le ministre qui dirige et le savant qui médite, jusqu'au manœuvre qui retourne la terre sans savoir ni s'informer pourquoi.

Mais parmi ceux qui se livrant aux travaux de l'agriculture, et parmi ceux qui jouissent de ses produits, il en est bien peu qui sachent combien il est difficile de faire arriver ces produits à cette plus grande quantité possible.

Les éléments qui composent les corps organisés tendent sans cesse à se disperser, et se disperseraient bientôt s'ils n'étaient sans cesse ramenés dans la circulation organique par la force de la génération et de la nutrition, si à l'instant où une plante est dans sa force, il ne se trouvait a point nommé un animal pour s'en nourrir ; si la terre ne recevait des animaux en engrais ce qu'elle leur donne en fourrage ; si des végé -