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maitre une démonstration difficile. Gilbert le lui renvoya comme il l'avait reçu, et il fallut encore quitter cette maison.

Ses parents le placèrent alors chez un procureur, pour le préparer, par la pratique des écritures, à une petite place qu'ils lui destinaient. C'était bien de toutes les études celle qui convenait le moins à son genre d'esprit. Aussi fut-il bientôt jugé incapable de tout par l'homme de loi qui s'était chargé de le diriger ; et son père, attribuant à l'inconduite le peu de succès qu'il avait eu jusque-là, refusa de continuer la petite pension qu'il lui faisait. Gilbert se retira dans une espèce de grenier, au fond d'un faubourg, où il fut réduit à vivre d'aliments grossiers qu'il préparait lui-même. Il y passa gaiement plusieurs mois, sans autre société que les livres qu'il empruntait. Si mon père me voyait, disait-il un jour à un ami qui était venu l'y surprendre, il ne n'accuserait pas de mener une vie déréglée.

Un hasard heureux vint le tirer d'un état aussi précaire. Un jour, lisant Buffon, il fut frappé de l'éloge pompeux que ce grand naturaliste fait du cheval, et conçut un vif désir de connaître en détail ce noble animal, Il s'informe ; il apprend qu'il existe, une école ou le gouvernement entretient des jeunes gens pour les former à l'art vétérinaire.

Son parti est pris à l'instant ; il quitte sa retraite, et se présente, seul et sans protecteur, à l'audience du ministre. M. Necker l'était alors, frappé de l'air assuré de ce jeune homme, il le fit examiner par un intendant des finances, et, sur le rapport avantageux de ce der-