Page:Cuvier - Recueil des éloges historiques vol 1.djvu/129

Cette page n’a pas encore été corrigée

l'ambition d'égaler, de surpasser même tout ce qui se faisait de bon et de généreux. Ce qui lui restait de superflu fut donc désormais employé à rendre sa collection de livres digne d'être offerte aux botanistes, et elle devint en effet en peu d'années l'une des plus complètes qui existent dans ce genre en Europe. Elle embrasse tous les ouvrages, dans quelque langue que ce soit, qui traitent, en tout ou en partie, de quelque matière relative aux plantes.

Son ardeur pour acquérir des livres était dégénérée en passion, et il avait fini par les estimer, comme font tous les bibliomanes, seulement d'après leur rareté : mais ce qu'il eut de plus singulier, et peut-être d'unique, c'est qu'il voulut aussi donner ce prétendu mérite à quelques-uns des siens. Il y a de lui des dissertations qu'il n'a fait imprimer qu'à cinq exemplaires, et qu'il a distribuées à des personnes différentes, de manière que nul n'en put posséder la collection complète[1].

Lorsque des financiers à vues étroites proposèrent, il y a quelques mois, de faire payer aux citoyens l'entrée des bibliothèques et des autres monuments d'instruction publique, l'Héritier résolut d'accorder sur-le-champ à tout le monde le libre usage de la sienne.

Il était digne de donner une pareille leçon ; mais les

  1. En voici les titres, c'est-à-dire les noms des genres qui y sont décrits : Hymenopappus; Louichea ; Virgilia ; Michauxia ; Buchozia (c'est ce dernier genre qui est la plante de mauvaise odeur dont nous parlons plus bas). Toutes ces dissertations sont in-folio. Il y en a une in-8°, intitulée Cadia, et tirée du Magasin encyclopédique.