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L'Héritier, apprenant que ce voyageur sollicitait en vain, depuis longtemps, du ministre, de Calonne les avances nécessaires pour la publication de ses découvertes, s'offrit de publier à ses propres frais toute la partie botanique, et obtint que Dombey lui remettrait ses herbiers et recevrait en dédommagement une pension annuelle.

Cet arrangement le transportait en quelque sorte dans ces climats étrangers qu'il brûlait de visiter, et lui donnait la disposition absolue d'une immense quantité des seules richesses qu'il enviât. Aussi son zèle sembla-t-il redoubler : en peu de jours tout fut mis en ordre ; peintres, graveurs furent mandés, et déjà l'ouvrage était fort avancé, lorsqu'une nouvelle inattendue vint troubler sa jouissance.

Les Espagnols, voulant publier eux-mêmes l'histoire naturelle des contrées qu'ils avaient fait examiner, désirèrent que les recherches de Dombey ne parussent point avant les leurs ; et la cour de France, qui se gardait bien, et avec raison, de comparer la publication d'un livre de plus ou de moins sur la botanique avec l'amitié d'une grande puissance, ne fit aucune difficulté d'accéder à la demande de celle d'Espagne.

L'Héritier étant un jour, par hasard, à Versailles, apprend que l'ordre vient d'être donné à M. de Buffon de se faire remettre l'herbier de Dombey, et que cet ordre lui sera signifié le lendemain. Frappe de terreur, il revient en hâte à Paris ; il ne consulte que son ami Broussonnet. Bientôt son parti est pris : vingt ou trente ayetiers sont appelés ; on passe toute la nuit à faire des