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mille tenait un rang distingué parmi les négociants, et jouissait d'une fortune assez considérable.

C'est à peu près dans cette condition moyenne que se trouve, dit-on, le bonheur ; et cela est vrai, si les hommes doivent chercher le bonheur dans le repos. Mais ce n'est pas celle qui excite le plus à cultiver les sciences. Trop élevée pour sentir, l'aiguillon du besoin, elle ne l'est pas assez pour être tourmentée par celui de l'ambition : il n'est qu'un vif amour de la gloire qui puisse y porter à de grands travaux. C'est donc déjà un mérite à l'Héritier d'avoir senti qu'il pouvait faire mieux que de végéter dans des charges obscures, ou que de distraire par une ostentation vaniteuse le besoin de se distinguer, qui fit toujours la base de son caractère ; mérite qu'augmenta la nécessité où il fut presque toute sa vie de résister aux préjugés, aux sarcasmes, aux persécutions même de gens qui ne concevaient pas qu'un secrétaire du Roi, membre de cour souveraine, pût désirer une autre illustration.

Il est probable qu'avec de telles dispositions, quelque science qu'il eut embrassée, il y aurait obtenu des succès. La place par laquelle il débuta dans la magistrature détermine son choix pour la botanique.

Reçu en 1772 procureur du Roi à la maîtrise des eaux et forêts de la généralité de Paris, il ne voulut point se borner à connaître les formalités de sa juridiction ; tout ce qui était relatif à l'entretien et à l'amélioration des bois excita ses recherches. Une fois livré à l'étude de la culture et de la physique végétale, il voulut examiner en détail les différentes espèces d'arbres, et il par-