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d'une maladie douloureuse, elle n'a qu'un lit avec lui, elle la veille la nuit, elle le distrait le jour ; les aliments, les remèdes, elle lui prépare tout, elle lui donne tout de ses mains ; elle semble tenir sa vie suspendue par ce courage héroïque, par ce dévouement ignoré de tous les jours, de tous les instants, si supérieur à celui de l'homme qui affronte un moment la mort, parce qu'il n'a que le choix de la gloire ou de l'infamie.

Enfin arrive l'instant que sa piété n'a pu éloigner davantage ; elle tombe de douleur, une partie de ses membres perdent le mouvement : à peine les secours de l'art peuvent-ils le rappeler après plusieurs mois ; à peine les secours de la religion peuvent-ils rendre le calme à ce cœur si aimant et si abattu.

Je sens que je blesse la modestie de celle dont je parle : mais n'est-ce pas le plus beau trait de l'éloge de son époux, et aurait-elle voulu qu'on ignorât jusqu'à quel point il sut inspirer l'enthousiasme à ceux qui purent connaître son âme ?

M. Lemonnier est mort le 2 septembre 1799, âgé de 82 ans.