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trigues qui l'environnaient ; il eut de plus le mérite, si rare dans les cours et ailleurs, de montrer du courage et de la constance dans l'amitié. Lorsque le cardinal neveu de sa protectrice fut arrêté, il ne cessa jamais de le voir dans sa prison, et de braver la haine des personnages tout puissants qui le persécutaient.

Mais, ce qui le distingue le plus, ce fut son noble désintéressement et son extrême charité ; car il faut bien employer encore ce mot qui n'a point de synonyme. Dès l'instant où il habite la cour, il n'accepta aucun honoraire pour les soins qu'il donnait aux particuliers, et cependant il ne refusa jamais ces soins à personne : chaque fois que sa voiture paraissait, elle était entourée de pauvres qui venaient lui demander des conseils ; il les suivait souvent jusque dans les asiles de la misère, et y répandait ses bienfaits, ses consolations, plus encore que les secours de la médecine. Ce n'était qu'après avoir parcouru ainsi tous les lieux ou il pouvait trouver du bien à faire, qu'il se retirait dans son jardin, où il passait le reste du jour avec ses plantes et ses livres chéris, ou dans les pratiques d'une dévotion d'autant plus sincère qu'elle était plus cachée.

Cette conduite le faisait estimer de toutes les classes, et adorer des indigents ; l'air de bonté affectueuse qui se mêlait sur sa physionomie avec la candeur et la dignité modeste, inspirait le respect à ceux qui ne le connaissaient point.

Ce fut à cet extérieur imposant qu'il dut la vie dans la journée du 10 août 1792. Il se trouvait au château, et ne s'y borne point à remplir les fonctions de sa place :