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s’ils eussent été suivis : aussi leur auteur regretta-t-il toujours de s’être vu par degré conduit à abandonner l’étude active des sciences, pour suivre une carrière plus honorée et plus lucrative, mais qui convenait moins à la modération de ses goûts.

Dès sa première jeunesse[1], il avait été placé à Saint-Germain en Laye comme médecin de l’hôpital ; et, dans l’obligation de passer une grande partie de son temps dans cette petite ville, il y avait cherché une occupation qui pût lui faire oublier la capitale et le distraire des recherches plus profondes auxquelles il aurait voulu constamment se livrer.

Un jardinier fleuriste, nommé Richard, avait rassemblé par goût et par spéculation un assez grand nombre de plantes étrangères, et montrait beaucoup de talent pour leur culture : Lemonnier s’amusa à disposer ces plantes suivant le système de Linné.

Le duc d’Ayen, si célèbre par sa hardiesse à dire la vérité à la cour, et par l’art piquant de se faire une source de faveur de ce qui aurait perdu un courtisan moins habile, visitait quelquefois le jardin de Richard ; il y rencontra Lemonnier. Les entretiens du jeune botaniste inspirèrent bientôt le goût des plantes au grand seigneur ; le parc de celui-ci devint un champ plus vaste pour les travaux et les expériences du premier, et ne tarda pas à recevoir ces beaux arbres que l’on y admire encore aujourd’hui.

Louis XV, que son favori entretenait souvent de ses amusements, voulut les connaître par lui-même ; il se

  1. En 1739.