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admis, pour ainsi dire, dans leur société ; de contempler de près leurs qualités, leurs vertus, leurs défauts même dans des tableaux tracés par le talent. Ce qui surtout fait de ces éloges une des lectures les plus attachantes et les plus utiles, c’est ce sentiment, dont on y est pénétré à chaque page, du bonheur vrai, de la sérénité que répand sur la vie la culture des sciences ; c’est cette longue suite de septuagénaires, d’octogénaires, parvenus à la gloire en éclairant le monde, et la comparaison de leur sort avec celui des hommes qui ont cherché cette gloire en le dévastant.

Quoique le séjour de Lemonnier à Versailles, dans ses dernières années, l’ait empêché d’être placé sur la liste des membres résidants de l’Institut, la plupart de ceux qui composent la classe dont il était associé ayant joui de son amitié, ayant pu apprécier ses vertus, pendant les quarante-neuf ans qu’il a appartenu à l’Académie des sciences, il a été facile de recueillir les traits de son histoire : heureux si les événements qui l’éloignèrent de notre sein ne nous avaient aussi enlevé l’homme qui savait donner tant d’intérêt à ces sortes de récits !

Louis-Guillaume Lemonnier, associé de l’Institut, ci-devant membre de l’Académie des sciences, conseiller d’État honoraire, et premier médecin du Roi, naquit à Paris le 27 juin 1717. Il était originaire des environs de Vire. Son père, professeur de physique au collège d’Harcourt et membre de l’Académie des sciences, est auteur d’un Cours de philosophie qui servait autrefois de livre élémentaire dans les collèges[1]. Son frère

  1. Cursus philosophicus, 1750, 6 vol. in-12o.