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formidables falaises, que dans d’autres pays vous graviriez sans seulement les remarquer.

La route d’Yaroslaf à Nijni est une des plus montueuses de toutes celles de l’intérieur de la Russie ; pourtant, dans les points mêmes où le plateau qui borde un des côtés du Volga est le plus profondément entaillé par les affluents de ce fleuve, je ne crois pas que de la rive au sommet de la côte ce rempart naturel surpasse la hauteur d’une maison de cinq ou six étages à Paris. Cette espèce de quai, coupé par les filets d’eau qui dévalent vers le courant principal, est d’un effet imposant, mais triste : cette jetée pourrait servir de base à une magnifique route, mais ne pouvant tourner les ravins, il fallait ou les franchir sur des arceaux qui auraient coûté autant que des voûtes d’aqueducs, ou descendre jusqu’au fond de ces étroits abîmes : or, comme on n’a pas tracé ces descentes en pentes douces, elles sont parfois dangereuses à cause de la rapidité de la côte.

Les Russes m’avaient vanté comme riants et variés les paysages qu’on découvre en suivant les bords du Volga ; c’est toujours la campagne des environs d’Yaroslaf, et c’est toujours la même température.

S’il y a quelque chose d’inattendu dans un voyage en Russie, ce n’est assurément pas l’aspect du pays ; mais ce que ni vous ni moi nous n’aurions pu prévoir, c’est un danger que je vais vous signaler : le