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sent, ne font jamais la moindre objection à mes étranges fantaisies, ils n’opposent nulle résistance aux ordres que je leur fais donner par mon feldjæger ; mais je lis leur pensée sur leur visage. La présence d’un employé du gouvernement me vaut en tous lieux des marques de déférence ; on respecte en moi la volonté qui m’a donné ce protecteur. Une telle marque de faveur de la part de l’autorité me rend l’objet des égards du peuple. Je ne conseillerais à aucun étranger aussi peu expérimenté que je le suis de se hasarder sans un tel guide sur les chemins de la Russie, surtout s’il veut parcourir des gouvernements un peu éloignés de la capitale.

Quand vous êtes parvenu au fond du ravin, il s’agit de regrimper sur la terrasse en gravissant la pente opposée à celle que vous venez de descendre ; le cocher, qui ne sait franchir les côtes qu’en les escaladant à la volée, rajuste ses harnais et lance encore une fois ses quatre chevaux contre l’obstacle. Les chevaux russes ne connaissent que le galop ; si le chemin n’est pas tirant, si le roidillon est court et la voiture légère, du premier bond vous arrivez au sommet ; mais si la pente est sablonneuse, ce qui arrive souvent, ou si elle excède l’espace que les chevaux peuvent parcourir d’une haleine, ceux-ci s’arrêtent bientôt, essoufflés, haletants, au milieu de la montée ; ils se butent sous les coups de fouet, ruent et