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trent, se recrute en grande partie parmi les fils de popes[1]. C’est une espèce d’ambitieux vulgaires, de parvenus sans talent parce qu’ils n’ont pas besoin de mérite pour forcer l’État à s’embarrasser d’eux, gens approchant de tous les rangs et qui n’ont pas de rang, esprits qui participent à la fois de toutes les préventions des hommes populaires et de toutes les prétentions des hommes aristocratiques, moins l’énergie des uns et la sagesse des autres ; bref, pour tout dire en un mot : les fils de prêtres en Russie sont des révolutionnaires qui se trouvent chargés de maintenir l’ordre établi.

Vous comprenez que de tels administrateurs deviennent le fléau du pays.

Éclairés à demi, libéraux comme des ambitieux, despotes comme des esclaves, imbus d’idées philosophiques mal coordonnées et entièrement inapplicables dans le pays qu’ils appellent leur patrie, bien que tous leurs sentiments et toutes leurs demi-lumières leur viennent d’ailleurs, ces hommes poussent la nation vers un but qu’ils ne connaissent peut-être pas eux-mêmes, que l’Empereur ignore, et qui n’est pas celui où doivent tendre les vrais Russes, les vrais amis de l’humanité.

Cette conspiration permanente remonte, à ce qu’on m’assure, au temps de Napoléon. Le politique italien,

  1. Prêtres grecs.