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tout à la fois le goût du vin et du bouillon et celui du jus de citron. Je préfère ce mets national à tous les autres ragoûts du pays, et surtout à la soupe froide et aigre, espèce de bouillon de poisson à la glace, détestable régal des Russes. Ils font aussi des soupes au vinaigre sucré, dont j’ai goûté pour n’y plus revenir.

Le dîner du gouverneur était bon et bien servi, sans superfluité, sans recherche inutile. L’abondance et la bonne qualité des melons d’eau m’étonne ; on dit qu’ils croissent aux environs de Moscou, je croyais qu’on les allait chercher plus loin et jusqu’en Crimée, où le sol est plus fécond en pastèques que celui de la Russie centrale. Il est d’usage en ce pays de poser le dessert sur la table dès le commencement du dîner, et de servir plat à plat. Cette méthode a des avantages et des inconvénients ; elle ne me paraît parfaitement convenable que pour les grands dîners.

Les dîners russes sont d’une longueur raisonnable, et les convives se dispersent presque tous au sortir de table. Quelques personnes ont l’habitude de faire la sieste à l’orientale ; d’autres vont à la promenade ou retournent à leurs affaires après avoir pris le café. Le dîner n’est pas ici le repas qui finit les travaux de la journée ; aussi quand je pris congé de la maîtresse de la maison, eut-elle la bonté de m’engager à revenir passer la soirée chez elle ; j’ai accepté cette invi-