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auparavant qu’engourdir les esprits dans les subtilités de la théologie. À l’heure qu’il est, les vrais croyants en Russie disputent très-sérieusement entre eux pour savoir s’il est permis de donner le ton naturel de la chair à la tête des vierges, où s’il faut continuer de les colorier comme les soi-disant madones de Saint-Luc, d’une teinte de bistre qui n’a rien de vrai ; on s’inquiète aussi de la manière de représenter le reste de la personne ; il n’est pas certain que le corps doive être peint, il vaudrait mieux peut-être l’imiter en métal et l’enfermer dans une cuirasse ciselée qui ne laisse voir que le visage, et n’est même parfois percée qu’aux yeux, et coupée qu’au poignet pour rendre les mains libres. Vous vous expliquerez comme vous pourrez pourquoi un corps de métal paraît plus décent aux yeux des prêtres grecs qu’une toile peinte en couleur de robe de femme,

Vous n’êtes pas au bout : certains docteurs dont le nombre est assez grand pour faire secte, se séparent consciencieusement de l’Église mère, parce que celle-ci renferme aujourd’hui d’impies novateurs qui permettent aux popes de donner la bénédiction sacerdotale avec trois doigts de la main, tandis que la vraie tradition veut que l’index et le doigt du milieu soient seuls chargés du soin de répandre les grâces du ciel sur les fidèles, parce que ces doigts sont consacrés dans l’ordination.