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son sujet : que n’avais-je pour y répondre le talent de conter qu’il possède à un si haut degré !

Un des beaux-frères du gouverneur m’a mené voir en détail le couvent de la Transfiguration, qui sert de résidence à l’archevêque d’Yaroslaf. Ce monastère, comme tous les couvents grecs, est une espèce de citadelle basse renfermant plusieurs églises et des édifices petits, nombreux et de tous les styles, excepté du bon. L’effet général de ces amas de maisons, soi-disant pieuses, est mesquin ; c’est une quantité de bâtiments blancs éparpillés sur un grand terrain vert : cela ne fait pas un ensemble. J’ai retrouvé la même chose dans tous les couvents russes.

Ce qui m’a paru frappant et nouveau pendant la visite que j’ai faite à celui-ci, c’est la dévotion de mon guide, le prince de***. Il approchait avec une ferveur surprenante son front et sa bouche de tous les objets offerts à la vénération des fidèles ; et dans ce couvent qui renferme différents sanctuaires, il a fait la même chose en vingt endroits. Cependant sa conversation de salon n’annonçait rien moins que cette dévotion de cloître. Il a fini par m’inviter moi-même à baiser les reliques d’un saint dont un moine nous ouvrait le tombeau ; je lui ai vu faire… non pas une fois, mais cinquante le signe de la croix, il a baisé vingt images et reliques, enfin il n’y a pas chez nous de nonne au fond d’un couvent qui répéterait tant de