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Il est dix heures du soir : le gouverneur me fait dire que son fils et sa voiture vont venir me chercher. je réponds par des excuses et des remercîments ; j’écris qu’étant couché, je ne puis profiter ce soir de la bonté de M. le gouverneur, mais que demain je passerai la journée tout entière à Yaroslaf, et que je m’empresserai d’aller le remercier. Je ne suis pas fâché de profiter de cette occasion de faire une étude approfondie de l’hospitalité russe en province.

À demain donc.


(Suite de la même lettre.)
Yaroslaf, ce 19 août 1839, après minuit.

Ce matin vers onze heures, le fils du gouverneur qui n’est encore qu’un enfant, est venu en grand uniforme me prendre dans une voiture coupée, attelée de quatre chevaux. Cette élégante apparition à la porte de mon auberge me déconcerta ; je sentis tout d’abord que ce n’était pas à de vieux Russes que j’allais avoir affaire, et que mon attente serait encore trompée cette fois : ce ne sont pas là des Moscovites purs, de vrais boyards, pensai-je. Je craignais de me retrouver chez des Européens voyageurs, chez des courtisans de l’Empereur Alexandre, parmi des grands seigneurs cosmopolites.