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voyer ma lettre au gouverneur. On m’a dit, ou pour parler plus juste, fait penser de lui beaucoup de mal dans les diverses maisons où j’ai été reçu ce matin. La haine qu’il excite m’inspire une curiosité bienveillante. Il me semble que les étrangers étant plus exempts de préventions, doivent juger les individus avec plus de justice que ne le font les gens du pays. Demain j’aurai une opinion sur le premier personnage du gouvernement d’Yaroslaf, et je vous la communiquerai franchement et hardiment. En attendant, occupons-nous des gens du peuple.

Les paysannes russes marchent en général nu pieds : les hommes se servent le plus souvent d’une espèce de sabots de jonc grossièrement natté ; de loin cette chaussure ressemble assez aux sandales antiques. La jambe est entourée d’un pantalon large, dont les plis arrêtés à la cheville par des bandelettes à l’antique, se perdent dans le soulier. Cet ajustement rappelle tout à fait les statues des Scythes par les sculpteurs romains. Je ne crois pas que les mêmes artistes aient jamais représenté des femmes barbares dans leur costume.

Je vous écris d’une mauvaise auberge ; il n’y en a que deux qui vaillent quelque chose en Russie, et elles sont tenues par deux étrangers : la pension anglaise à Saint-Pétersbourg et madame Howard à Moscou.