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contraste d’une manière étrange avec l’architecture des églises et des clochers ; ces édifices semblent appartenir à d’autres villes qu’à celles pour lesquelles on les a faits.

Plus on approche d’Yaroslaf, plus on est frappé de la beauté de la population. Les villages sont riches et bien bâtis ; j’y ai même vu quelques maisons de pierre, mais ces dernières sont encore en trop petit nombre pour varier l’aspect des campagnes, dont nul objet n’interrompt la monotonie.

Le Volga est la Loire de la Russie, si ce n’est qu’au lieu de nos riants coteaux de la Touraine, glorieux de porter les plus beaux châteaux du moyen âge et de la renaissance, on ne trouve ici que des rives unies, formant des quais naturels, des terrains couverts de maisons grises, alignées comme des tentes, et qui, par leur apparence mesquine, uni forme, et leurs petites dimensions, appauvrissent le paysage plus qu’elles ne l’égaient : voilà le pays que les Russes recommandent à notre admiration.

Tantôt en me promenant le long du Volga, j’avais à lutter contre le vent du nord tout-puissant sur cette terre où il règne par la destruction, balayant devant lui la poussière avec violence pendant trois mois et la neige pendant le reste de l’année. Ce soir, dans les intervalles des bourrasques, durant les pauses où l’ennemi semblait respirer, les mélodies