Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 4, Amyot, 1846.djvu/53

Cette page a été validée par deux contributeurs.

comme des falaises, mais sableuses, peu élevées et nivelées à leur partie supérieure par d’immenses plaines grises tachetées de forêts de pins et de bouleaux, unique végétation permise à ce sol glacé ; c’est un ciel métallique et gris où quelques lames d’argent élargies par le vent de la pluie interrompent la monotonie des nuages de plomb qui se reflètent dans une eau gris-de-fer : tels sont les froids et durs paysages qui m’attendaient aux environs d’Yaroslaf ! … Ce pays est au demeurant aussi bien cultivé qu’il puisse l’être, et il est vanté par les Russes comme le plus riche et le plus riant de leur Empire, excepté la Crimée, qui, à ce que m’assurent des voyageurs dignes de foi, est elle-même bien loin de valoir les corniches de Gênes, et les côtes de la Calabre ; d’ailleurs, quelle est l’étendue et l’importance de la Crimée, comparée aux plaines de cette vaste partie du monde ? Les steppes des environs de Kiew ont un beau caractère, dit-on, mais c’est une beauté dont on se lasse vite.

L’arrangement intérieur des habitations russes est raisonnable ; leur aspect extérieur et le plan général des villes ne le sont pas. Yaroslaf n’a-t-il pas sa colonne comme Pétersbourg, et en face, quelques édifices percés d’un arc de triomphe en forme de porte cochère pour imiter le bâtiment de l’état-major de la Capitale ? Tout cela est du plus mauvais goût, et