Page:Custine - La Russie en 1839 troisieme edition vol 4, Amyot, 1846.djvu/48

Cette page a été validée par deux contributeurs.

nous admirons et tout ce que nous adorons, ne vous ont causé nulle surprise ?

« Mais ces tableaux seuls feraient deviner l’histoire ! Partout d’énormes substructions, des routes portées sur des arcades aussi solides qu’elles sont légères à l’œil[1] ; partout des monts qui servent de base à des monastères, à des villages, à des palais annoncent un pays où l’art traite en souverain la nature. Malheur à quiconque peut poser le pied en Italie sans reconnaître à la majesté des sites, comme à celle des édifices, que ce pays est le berceau de la civilisation.

— Je me félicite, continua ironiquement mon adversaire, de n’avoir rien vu de tout cela puisque mon aveuglement sert de prétexte à votre éloquence.

— Peu m’importerait, repris-je plus froidement, que mon enthousiasme vous eût paru ridicule, si je parvenais à réveiller en vous le sentiment du beau… Le choix seul des sites où brillent les villages, les couvents et la plupart des villes de l’Italie, me révèle le génie d’un peuple né pour les arts : dans les contrées où le commerce accumula des richesses comme à Gênes, à Venise, et comme au pied de tous les grands passages des Alpes, quel usage les habitants ont-ils fait des trésors qu’ils amassaient ? ils

  1. Témoin la ville de Bergame, les lacs Majeur et de Côme, etc., et toutes les vallées méridionales des Alpes.