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— Pourquoi cela ? dit le Russe avec le ton et l’air dédaigneux qu’on prend trop souvent ici pour une preuve de civilisation.

— Quoi ! répliquai-je, la nouveauté de ces paysages, qui doivent à l’architecture leur principal ornement ; ces coteaux où croissent les vignes, les mûriers, les oliviers, et dont les pentes font suite aux couvents, aux palais, aux villages ; ces longues rampes de piliers blancs qui supportent les treilles appelées pergole, et continuent les merveilles de l’architecture jusqu’au sein des montagnes les plus âpres ; tout ce pompeux aspect qui donne l’idée d’un parc dessiné par Lenôtre, afin de servir de promenoir à des princes, plutôt que d’un pays cultivé pour fournir du pain à des laboureurs ; tous ces magnifiques couvents, créations de la pensée de l’homme, appliquée à embellir la pensée de Dieu, ne vous ont pas semblé nouvelles ? Les églises avec leur élégant dessin, avec leurs clochers où se reconnaît le goût classique, modifié par les habitudes féodales, tant d’édifices singuliers et grandioses dispersés dans ce superbe jardin naturel comme des fabriques placées à dessein au milieu d’un paysage, pour en faire ressortir les beautés ; le grand style qui caractérise les monuments de l’Italie et la simplicité, qui est un des traits dominants du caractère des habitants de ce beau pays d’où nous est venu tout ce que nous savons, tout ce que