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naturelle et vivante, passe à Yaroslaf, chef-lieu de la navigation nationale, navigation savamment dirigée, sujet d’orgueil pour les Russes ; et l’une des principales sources de leur prospérité. C’est au Volga que se rapporte le vaste système des canaux qui fait la richesse de la Russie.

La ville d’Yaroslaf, capitale d’un des gouvernements les plus intéressants de l’Empire, s’annonce de loin comme un faubourg de Moscou. Ainsi que toutes les villes de province, en Russie, elle est vaste et paraît vide. Si elle est vaste, c’est moins par le nombre des habitants et des maisons qu’à cause de l’énorme largeur des rues, de l’étendue des places et de l’éparpillement des édifices qui sont en général séparés les uns des autres par de grands espaces où se perd la population. Le même style d’architecture règne d’un bout de l’Empire à l’autre. Le dialogue suivant vous prouvera le prix que les Russes attachent à leurs édifices soi-disant classiques.

Un homme d’esprit me disait, à Moscou, qu’il n’avait rien vu en Italie qui lui parût nouveau.

« Parlez-vous sérieusement ? m’écriai-je.

— Très-sérieusement, répliqua-t-il.

— Il me semble pourtant, repris-je, que nul homme ne peut descendre pour la première fois la pente méridionale des Alpes, sans que l’aspect du pays fasse révolution dans son esprit.