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sentit affaibli, mais il se remit promptement. Après cela il s’imagina qu’il ne survivrait pas à l’anniversaire du jour où sa sœur était morte. Cette pensée s’enracina si fort dans son imagination qu’elle lui devint fatale. Quelques jours avant le temps fixé par lui, il se plaignit de n’être pas bien. Il lui survint un évanouissement ; il se fit mettre au lit et ne se releva plus.

Le prince Pierre mourut le 30 janvier de l’an 1798.

On peut facilement se figurer la triste position de Catherine. Privée de tous ses proches, entourée de gens pour lesquels elle était un objet d’ennui, elle n’avait pas même la consolation d’avoir auprès d’elle aucune âme sensible. Sa tante ne vivait plus. Ceux qui l’entouraient, à ce qu’il semblait, pensaient plus à leurs aises qu’à lui procurer les soins auxquels elle avait droit par la grâce de la cour de Russie qui lui avait donné pour cela tous les moyens nécessaires. Jusqu’à sa mort la pension accordée aux princes et aux princesses fut continuée sans qu’on se prévalût de la diminution de la famille de Brunswick.

Le séjour de Gorsens ennuya tellement Catherine qu’elle désira retourner en Russie et se faire religieuse. Elle ne trouvait de consolation que dans le service divin et dans les prières. Avant sa mort elle oublia les chagrins qu’on lui avait faits, et écrivit à l’Empereur Alexandre pour le prier d’accorder des pensions aux gens qui l’entouraient. Sa requête fut écoutée. On donna à tous les employés et domestiques qui avaient été longtemps à la cour de Gorsens des pensions sur le trésor russe, et après leur mort à leurs femmes ; et à ceux qui n’avaient été que peu de temps auprès de Catherine, on donna des marques de satisfaction.

Elle laissa après elle un testament par lequel elle léguait au