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à leur bonheur ; que leur simplicité d’esprit, leur manque d’éducation et d’autres circonstances leur interdisaient de vivre dans le grand monde ; qu’elle pensait qu’une vie éloignée de tous les tracas de la cour était ce qui leur convenait le mieux. Quant aux titres, l’Impératrice pensait que rien ne pouvait les priver d’un titre que Dieu leur avait donné et qui leur appartenait par droit de naissance ; c’est-à-dire le titre de princes et de princesses de la maison de Brunswick.

La Reine trouva qu’il serait mieux d’éloigner des princes et des princesses leurs domestiques russes pour qu’ils s’accoutumassent plus vite à leur nouveau genre de vie. L’Impératrice y consentit ; tous les Russes, excepté le confesseur et les chantres, retournèrent en Russie, et auprès de la famille de Brunswick il y eut alors une petite cour composée de Danois seulement. Ce changement fut amer et pénible pour les princes et les princesses, et ce n’est pas étonnant : ils avaient grandi et avaient été élevés dans le même lieu que leurs serviteurs ; en eux ils étaient accoutumés à voir leurs seuls compagnons et confidents. Les princes et les princesses en se séparant d’eux versèrent quelques larmes de regret, même sur Cholmogory.

Pour l’établissement de la famille de Brunswick à Gorsens, pour l’acquisition des maisons et autres frais, il fallait 60 000 thalers. La cour de Danemark proposa de prendre cette somme sur la pension accordée à la famille de Brunswick, et, par ce moyen, elle en paya 20 000 thalers. Mais l’Impératrice, ayant appris cela, ne voulut pas que les princes et les princesses jouissent imparfaitement de sa générosité elle ne voulut pas davantage être à charge à la cour de Danemark, et elle fit payer les 40 000 thalers restants sur sa propre cassette.